Pour protéger certaines espèces animales et végétales au niveau mondial, la CITES interdit ou limite leur commerce international, qui est l’une des menaces majeures qui pèsent sur elles. C’est grâce à cette convention que les importations et exportations d’ivoire sont illégales dans le monde entier.

Protéger la biodiversité

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La convention sur le commerce international des espèces de la faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) est un accord intergouvernemental signé en 1973 à Washington, veillant à ce que le commerce international des espèces inscrites dans ses annexes ne nuise pas à la conservation de la biodiversité. Autrement dit, elle limite les transaction internationales d’espèces menacées, ou de produits qui en sont issus comme les meubles en bois de rose ou le caviar, afin que celles-ci ne soient pas surexploitées, évitant qu’elles disparaissent.

Un cadre juridique et des procédures sont fixés à cet effet. Chaque pays qui signe l’accord s’engage à punir sévèrement les mouvements non autorisés de certains animaux et végétaux en danger d’extinction.

Le but de cette convention est de remédier au manque de lois nationales en vigueur dans de nombreux pays pour interdire le commerce de certains animaux et végétaux. L’exemple le plus connu du grand public est l’ivoire d’éléphant : depuis 1989, son commerce a été déclaré illégal par la CITES afin de protéger les éléphants d’une exploitation de plus en plus féroce en réponse à la demande de pays comme la Chine ou le Japon. Pour cela, toutes les espèces d’éléphants ont été inscrites à l’Annexe I de la CITES, la liste d’espèces sauvages dont la survie est la plus compromise, interdisant leur commerce sauf dans des cas exceptionnels.

Plus de 38 000 espèces réparties en 3 catégories

Plus de 38 000 espèces animales et végétales (à ce jour) sont protégées par la CITES et classées en 3 annexes : I, II et III, selon leur danger d’extinction qui les menace, I étant le plus élevé. Plus ce danger est grand, plus leur commerce leur fait courir des risques, et plus il est encadré.

L’annexe I, qui comprend environ 1082 espèces menacées d’extinction, dont 228 mammifères, interdit totalement leur importation. Leur exportation et leur réexportation. Des permis exceptionnels sont délivrés pour les opérations à but scientifique et non commercial. Le panda roux, le tigre, le chimpanzé, le léopard, l’éléphant d’Asie et les éléphants d’Afrique ainsi que tous les rhinocéros y sont inscrits.

L’Annexe II est la plus longue, avec 37420 espèces vulnérables dont le commerce est strictement encadré pour éviter une exploitation compromettant leur survie à l’état sauvage. Leur commerce international peut être autorisé : il est soumis à autorisation à condition qu’il ne mette pas en danger l’espèce concernée. Parmi ces espèces, on trouve notamment l’iguane vert, le grand requin blanc, le zèbre de Hartmann ou l’ours noir.

Enfin, l’Annexe III comprend environ 211 espèces inscrites après qu’un pays a demandé aux autres membres de la CITES leur assistance pour contrôler leur commerce. C’est le cas du paresseux d’Hoffman, dont l’inscription a été demandée par le Costa Rica, de la civette africaine, requise par le Botswana, et de la tortue alligator, recommandée par les États-Unis. Ces espèces ne sont pas forcément menacées au niveau mondial, mais leur sort inquiète, d’où cette prise de mesures.

Le cas des « espèces semblables »

Le problème est que ces trois annexes comprennent ce qu’on appelle des « espèces semblables », c’est à dire des animaux et végétaux qui ressemblent physiquement à d’autres classés dans les autres annexes. Il est difficile pour les autorités locales, notamment dans le cas de produits dérivés ou de parties de spécimens, de les distinguer, ce qui peut donner lieu à des fraudes, d’où l’importance des tests ADN qui sont malheureusement rarement appliqués, fautes de temps et de moyens.

L’encadrement du commerce d’espèces menacées par la CITES ne signifie pas que leur importation et leur exportation ont totalement cessé : le trafic d’animaux est important, et, n’étant inscrit dans aucun registre, on ignore où il a lieu et quelles populations d’animaux il touche.

Le commerce de l’Ivoire pour sauver les éléphants ?

Éléphant marchant dans la faune

Lors de la 17ème réunion de la CITES à Johannesburg en Afrique du Sud en 2016, la Tanzanie et la Zambie ont avancé l’idée que légaliser et encadrer le commerce de l’ivoire pourrait permettre de sauver certaines populations d’éléphants. D’après eux, les ventes d’ivoire « légal » issues d’un abattage régulier ou de morts naturelles auraient pour effet de faire cesser le braconnage et fourniraient des fonds pour financer la protection de cet animal.

Cette proposition très mal reçue par les autres pays présents, hostiles à toute dérogation. Selon eux, le simple fait d’aborder la question est un mauvais signal, donnant aux braconniers l’impression que le niveau de protection de cette espèce pourrait diminuer. La demande a donc été rejetée sans équivoque.

Les trafics en augmentation

Tant que le commerce de certains produits issus d’espèces menacées, comme l’ivoire ou des espèces elles-mêmes, vendues comme animaux de compagnie, était autorisé, leurs populations sauvages en souffraient mais il n’y avait techniquement pas de trafic. L’encadrement strict de ces commerces, voire leur interdiction totale dans certains cas, a eu pour effet de faire naître un marché noir difficile à estimer et à contrôler.

Le problème de fond est que la demande en animaux et végétaux menacés existe toujours, et qu’elle a même tendance à s’intensifier. La chine, la Malaisie et le Vietnam sont très demandeurs en produits illégaux, des ailerons de requin aux cornes de rhinocéros, leur répétant des vertus médicinales que les scientifiques réfutent pourtant depuis des décennies. D’après Tom Milliken de l’ONG Traffic, « les grosses saisies d’ivoire sont de plus en plus fréquentes et aussi de plus en plus importantes ». Près de 40 tonnes ont en effet été saisies au total en 2016, un record depuis l’interdiction du commerce d’ivoire en 1989.

Source(s) : Secrétariat CITES – Photo Nam Anh – Texte(s) : L. Touchet / Mag des animaux